Stratégies Homéopathiques dans les Maladies Chroniques

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Nous allons essayer ici de clarifier les confusions que Hahnemann a introduit dans ses écrits concernant la psore en la qualifiant de “miasme infectieux” alors que les caractéristiques qu’il en donne ont tout sauf celles d’une infection.

Fréquence

Hahnemann différencie la psore à laquelle il attribue les 7/8° des maladies chroniques du genre humain, de la syphilis et la sycose qui se partagent le 1/8° restant (“les maladies chroniques”).

Transmission

Pour le fondateur, la psore est essentiellement génétique et héréditaire :

Le passage, depuis des centaines de générations, de cet agent infectieux à travers des millions d’organismes humains et, par ce fait le développement de sa virulence, explique dans une certaine mesure la profusion et la variété de ses expressions pathologiques“. Organon § 81

La psore est la plus vieille, la plus universelle, et la plus pernicieuse des maladies miasmatiques chroniques”. Maladies Chroniques.

Si la psore était causé par un mystérieux agent infectieux transmis depuis des temps sans commencement héréditairement, il eut fallu qu’il s’intégra au génome humain en tant qu’agent causal unique de la presque totalité des maladies chroniques du genre humain, ce qui semble difficile à admettre en l’état actuel des connaissances scientifiques et d’un point de vue de la pure logique. La psore qu’Hahnemann décrit correspond donc à une autre réalité ou à un autre niveau de réalité.

Symptômes

Concernant la description clinique de la psore, quand nous lisons les maladies chroniques, nous pouvons décemment nous demander qu’est ce qui n’est pas un symptôme de psore !

Ainsi j’accuse la psore , non seulement de toutes ces éruptions cutanées dont Villau s’est donné la peine de distinguer tant d’espèces différentes , en assignant à chacune d’elles un nom particulier , mais encore de toutes ces végétations dont se couvre la peau, depuis la simple verrue jusqu’au tophus sébacée le plus volumineux , depuis le plus léger panaris jusqu’au gonflement des os , sans excepter les déviations de la colonne épinière et le ramollissement du système osseux, quelque soit l’âge où ces monstruosités paraissent : je lui impute de même les hémorragies nasales , celles de l’anus , ainsi que les engorgements hémorroïdaux , l’hémoptysie , le vomissement et pissement de sang , comme aussi la suppression, l’irrégularité, la surabondance du flux menstruel , les sueurs nocturnes, l’aridité de la peau , le dévoiement chronique , la constipation permanente , les douleurs et convulsions périodiques ; en un mot , cette innombrable cohorte de souffrances chroniques , que la pathologie a revêtues de dénominations diverses , je la regarde comme la progéniture légitime du protée de la psore“.

Finalement alors que le fondateur décrit la syphilis exactement comme nous la décrivons aujourd’hui, et qu’ainsi lorsqu’il parle de syphilis c’est bien de l’infection nosologique dont il parle, sa description de la psore est suffisamment éloquente et convaincante pour affirmer qu’il ne s’agit en rien de la gale nosologique, mais d’autre chose.

Ainsi pour Hahnemann, tout ce qui n’est pas syphilis ou condylomes, et plus tard tuberculose (donc tout ce qui n’est pas maladie infectieuse chronique au sens habituel du terme) est psore.

Dynamisme évolutif

Hahnemann insiste particulièrement sur la porte d’entrée cutanée de la psore qui, si elle est supprimée, va conduire au développement de tout le champ des maladies chroniques non infectieuses. Cependant comme la psore remonte à la nuit des temps, le patient est principalement vu à un stade avancé dit “éclaté” de la psore. La principale caractéristique de la psore est d’une part qu’elle n’est pas infectieuse, et d’autre part qu’elle a une tendance naturelle vers l’aggravation, en suivant une trajectoire centripète : de l’extérieur vers l’intérieur, des organes superficiels vers les organes profonds. Le traitement des maladies psoriques en allopathie ou en homéopathie de niveau 1 (basé sur une similitude locale) conduit à une suppression et à une métastase homéopathique. Typiquement un patient présentant un eczéma que l’on supprime avec de la cortisone ou avec un traitement homéopathique suppressif va développer un asthme ou une migraine ou des troubles psychiques. La suppression entraîne une évolution sur des plans profonds plus graves que l’on appelle en langage homéopathique une métastase.

A l’inverse, le traitement bien conduit d’une maladie chronique (non infectieuse) doit conduire à un retour de l’éruption ou du symptôme supprimé antérieurement.

Hahnemann en réalité décrit ici un des aspects de la loi de guérison de Hering : le traitement d’une maladie touchant des organes profonds doit, lors de la guérison, voir un transfert du processus pathologique à la peau sous forme d’éruption, ou aux orifices sous la forme d’une crise d’hémorroïdes ou diarrhéique par exemple. La direction des symptômes suit un trajet inverse centrifuge de l’intérieur vers l’extérieur.

En conclusion :

La psore est le nom que donne Hahnemann au vaste champ des maladies chroniques qui ne sont pas infectieuses. L’évolution naturelle de la psore suit une direction centripète et s’aggrave naturellement jusqu’à la mort.

L’analyse logique du texte de Hahnemann nous conduit à déduire que la psore est le nom qu’il a donné à la susceptibilité génétique ou constitutionnelle individuelle et innée à développer une maladie chronique, ce qui est aussi la définition de la constitution telle qu’on l’entend dans les médecines traditionnelles orientales et/ou hippocratiques.

Autrement dit, la psore est le nom donné au déséquilibre constitutionnel inné, et par raccourci, nous pourrions dire que la psore est le terrain constitutionnel.

C’est en nous appuyant sur cette compréhension (psore=constitution) que nous avons développé un modèle constitutionnel (psorique) permettant, nous allons le voir, d’appliquer une similitude constitutionnelle très précise et facilitant la tâche du praticien homéopathe.

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