Stratégies Homéopathiques dans les Maladies Chroniques

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Le terrain

Le terme terrain est emprunté aux médecines traditionnelles qu’elles soient orientales (chinoise, indienne) ou occidentale (hippocratique).

Le terrain est le potentiel génétique d’un individu (ou génotype), déterminée au moment de la conception qui s’exprime sur un plan physique, énergétique et psychique (ou phénotype). L’aspect psychique du terrain est le tempérament ou le caractère, l’aspect énergétique est l’humeur ou le Pneuma, et l’aspect physique la constitution.

Caractère, pneuma et constitution constituent les trois composants du phénotype de l’être humain.

Les trois niveaux du terrain
Esprit Caractère ou tempérament
Énergie
Pneuma ou humeur
Corps Constitution

Le potentiel génétique (génotype) va s’exprimer différemment suivant le contexte et l’histoire de vie (phénotype). Ce que nous sommes aujourd’hui est le parfait mélange de notre terrain génétique et de notre histoire de vie. J’explique souvent à mes patients que le terrain est comme le grain de riz, et le contexte de vie comme le type de terre, l’ensoleillement, l’arrosage. C’est la combinaison d’un type de graine avec le contexte dans lequel elle se développe qui va déterminer la beauté et la force, ou capacité de résistance aux maladies de l’épi.

Terrain et santé

Selon toutes les médecines traditionnelles, l’énergie vitale ou Pneuma est la base de l’équilibre de notre être. Si le pneuma est en équilibre nous sommes en bonne santé, s’il se déséquilibre, nous commençons à tomber malade.

Hahnemann a, de même que les médecines grecques et orientales, une conception vitaliste du corps humain.

Dans l’état de santé, l’énergie vitale (souveraine) immatérielle —Dynamis — animant la partie matérielle du corps humain (organisme), règne de façon absolue. Entre toutes les parties de l’organisme vivant, elle maintient dans leurs activités fonctionnelles et réactionnelles une harmonie qui force l’admiration“. Organon § 9

Quand l’homme tombe malade, cette énergie vitale immatérielle (principe de vie), active par elle-même et partout présente dans son corps, est, dès le début de la maladie, la seule qui ressente l’influence dynamique de l’agent morbide hostile à la vie. Seul le principe vital, après avoir été ainsi désaccordé, peut procurer à l’organisme les sensations désagréables qu’il éprouve et le pousser aux actions insolites que nous appelons maladies. Car, étant invisible par elle-même et reconnaissable seulement par ses effets dans l’organisme, cette entité énergétique n’exprime et ne peut révéler son dérèglement que par des manifestations pathologiques dans les sensations et fonctions, c’est-à-dire par des symptômes morbides (manifestations qui seules sont accessibles aux sens de l’observateur et du médecin)“. Organon § 11.

Hahnemann appelle ainsi l’énergie vitale, Dynamis, qui est l’exact équivalent du Pneuma de Galien, du Qi des chinois et du Pranâ des indiens.

Quand l’énergie vitale (Pneuma) est accordée, l’être humain est en bonne santé, quand elle se dérègle, il tombe malade.

Terrain et maladie

Ainsi que nous l’avons vu, si pour le fondateur la psore est la cause profonde des maladies chroniques non infectieuses du genre humain (cf “les maladies chroniques”) et que la maladie est à son départ un désaccord de l’énergie vitale (cf l’Organon ci-dessus), nous pouvons en conclure que la psore est un désaccord de l’énergie vitale ou du Pneuma. La plupart des homéopathes sont d’accord sur ce point.

Selon les médecines traditionnelles, dès la conception, le Pneuma présente un potentiel au déséquilibre.

Ce potentiel au déséquilibre est ce que les homéopathes appellent psore, la susceptibilité aux maladies chroniques.

La psore est un désaccord inné de l’énergie vitale (ou Pneuma) représentant la base de la susceptibilité aux maladies chroniques.

Cette définition de la psore a au moins deux mérites, le premier de s’accorder parfaitement à la description de la psore qu’Hahnemann donne dans les maladies chroniques et de la maladie dans l’Organon et le second de sortir la psore d’un définition pseudo-infectieuse.

Types de terrain ou types de psore

Les médecines ayurvédiques indienne et tibétaine, procède à une classification des terrains en trois grands types (les doshas) : Kapha (Flegme), Pitta (Bile) et Vata (Vent) – correspondant aux trois aspects du Pneuma de Galien respectivement le Pneuma naturel, vital et nerveux- et aux trois parties de l’âme de Platon respectivement Eros, Thymos et Logos. Pour Platon, chaque secteur de l’âme est régi par une émotion fondamentale. Ainsi l’émotion du désir/attraction est liée à l’Eros, la colère au Thymos et le doute et la raison au Logos. Nous verrons que la médecine ayurvédique attribue à chaque secteur un siège anatomique (qui peut varier suivant les auteurs).

Le point important à retenir est qu’il existe des “types” de terrain caractérisés par des critères somatiques pour la constitution, énergétique pour l’humeur (ou pneuma) et psychologique pour l’esprit.

Dans la mesure où la psore est le potentiel au déséquilibre du Pneuma, il va être possible de quantifier ce déséquilibre par ses trois composants Vent, Bile et Flegme.

Lors de la conception, chaque individu se voit “équipé” d’un certain code énergétique dont la matrice est basée sur les trois humeurs précédemment citées. Ainsi chaque humeur sera dans un certain état quantitatif et qualitatif et dans un certain état d’interaction avec les deux autres. Autrement dit, pour chaque composant nous allons pouvoir définir son déséquilibre en termes de quantité (pléthore ou déficience) et de qualité (dyscrasie).

De façon très simple nous pourrions dire que les trois humeurs sont comme les trois couleurs fondamentales dont la multiplicité des couleurs que nous offre la nature découle.

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Chaque individu présente donc à la conception un certain code énergétique Flegme/Bile/Vent avec une dominante de Flegme, de Bile ou de Vent qui définit son unicité.

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Constitution avec Vent dominant

Le modèle de typologie intégrative que nous utilisons basé sur l’ennéagramme décrit pour chaque humeur ces trois types de déséquilibre (deux en quantité, excès et déficience et un en qualité) ce qui porte à trois les déséquilibres pour chaque humeur donnant les neuf types de l’ennéagramme ou les neuf terrains (se rapporter aux chapitres sur l’ennéagramme).

Ainsi quelqu’un dont la constitution est Vent dominant aura une tendance innée à faire prédominer la recherche de récompense et/ou être sensible à la frustration. Le Vent a pour fonction principale la croissance cellulaire, le mouvement du corps et la respiration.

Quelqu’un dont la constitution est Bile aura une tendance innée à faire prédominer l’évitement de la douleur et être facilement irrité. La Bile (en Ayurveda) assure la régulation thermique du corps. Elle entre dans le processus de la digestion.

Quelqu’un dont la constitution est Flegme aura une tendance innée à faire prédominer l’anxiété et le doute et être facilement dans le déni. Le Flegme assure la lubrification des articulations et règle le système immunitaire.

Conclusions :

La psore est un désaccord inné de l’énergie vitale ou Pneuma, représentant la susceptibilité à développer une maladie chronique. La psore peut être caractérisée par trois composants Vent, Bile, Flegme dont les proportions respectives déterminent la constitution d’un individu avec des caractéristiques psychiques, énergétiques et somatiques spécifiques.

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